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Salon littéraire

Salon du Livre Antique de Lyon

Le Salon du Livre Antique de Lyon dans le cadre du festival Latin Grec se tenait à l’Hôtel de Lyon les 25 et 26 mars 2022. Sur deux jours, les rencontres et activités autour de l’univers des Grecs, des Égyptiens, des Romains et des Gaulois, se sont succédées.

Une rencontre littéraire nous a beaucoup marqués : Hélène Waysbord (Haut fonctionnaire, née en 1936, à Argenteuil) est venue présenter son dernier essai : Le Talon d’Achille.

Interview fictive, retravaillée d’après enregistrement public, salon de l’Hôtel de ville, samedi 26 mars 2022.

  • Bonjour Hélène, vous êtes une grande dame. Vous êtes la présidente honoraire de l’association de la Maison des Enfants d’Izieu. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi le sort de ces enfants vous touche ?
  • Bonjour à tous. Pour expliquer mon parcours, il faut que vous sachiez que je suis fille de militants communistes d’origine polonaise, et que mes parents ont été déportés. Un jour, à la sortie de l’école maternelle, une voisine est venue me chercher. Elle m’a simplement dit : « tes parents sont partis ».
  • Avez-vous compris, alors, ce que cela signifiait ?
  • Non. Il m’a fallu cinquante ans pour le comprendre, et toute une vie pour l’accepter. En fait, c’est seulement après avoir écrit mon premier roman : L’amour sans visage, que j’ai arrêté de chercher mon père. C’est dur, de vivre l’abandon. C’est un traumatisme. L’écriture, et l’étude, peuvent aider. Il me fallait toujours être la meilleure. J’ai fait de la politique. J’ai aidé à édifier la pyramide du Louvre. J’ai eu une grande carrière. C’est une revanche sur la vie. La revanche de cette enfant, qui s’est longtemps tue. Au fond des âges, elle a retrouvé cet amour perdu.
  • Que voulez-vous dire ?
  • Le visage absent de ce père, il a fallu le reconstituer. Cela passe par un retour dans le passé. Et je suis remontée très loin… jusqu’à la guerre de Troie. Car les mythes aident à nous construire. A nous comprendre. Ce que j’ai bricolé, avec les mythes, cela s’est nourri de violence, de poésie aussi. Mon essai sur Achille, c’est mon travail de mémoire, sur la Shoah.

(Propos enregistrés. Beaucoup de dignité et d’émotions dans la salle. Merci à cette grande dame. Hommage à tous ceux que la barbarie a tués. A tous les déportés. Aux enfants qu’ils ont laissés. Hélène a eu une pensée empathique envers les habitants d’Ukraine. Elle a évoqué aussi les victimes d’attentats. Tant de sacrifiés. La guerre est universelle, intemporelle. La mythologie grecque nous l’enseignait déjà)

Votre correspondante : Cendrine Bertani, pour Riv’Age (Rive FM)