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Salon littéraire

Riv’age interviewe Sophie Dujardin

  • Bonjour Sophie, pas trop stressée à l’idée d’organiser un salon littéraire ? Les auditeurs de Riv’age aimeraient savoir qui vous êtes. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
  • Bonjour à tous ! Je ne peux pas parler de stress, mais il est évident que, oui, je suis un peu sous pression. Entre la communication, les relations avec le libraire, la logistique du week-end. Nous hébergeons la plupart des auteurs qui sont au nombre de 19, donc, outre le salon, il faut également gérer la partie pratique, c’est-à-dire : préparer les chambres, les repas, et tous les petits à-côtés pour faire en sorte qu’ils soient à l’aise et qu’ils se sentent bien accueillis.

Pour ce qui me concerne, je n’ai pas grand-chose à voir avec le monde du livre, si ce n’est une passion de lecture dévorante. J’ai 50 ans et je travaille dans l’industrie métallurgique.

  • Dans le cadre de notre émission, nous avons déjà interviewé des auteurs, des éditeurs, des bêta-lecteurs, mais jamais encore d’organisateur d’événement. Pouvez-vous nous expliquer quel est votre rapport à ce milieu littéraire ? Etes-vous lectrice ? Chroniqueuse ? Médiatrice culturelle ? Comment l’idée de monter un salon vous est-elle venue à l’esprit ?
  • Eh bien, je suis ravie d’être la première « organisatrice » que vous interviewez, c’est un honneur ! J’ai commencé ma « carrière » de lectrice lorsque j’avais environ six ans. Du Club des Cinq, je suis passée aux Fantômettes mais j’en ai vite fait le tour. A onze ans, je me passionnais pour des classiques assez sombres tels que Maupassant, Edgar Allan Poe, ou encore Conan Doyle. Puis, à l’adolescence, j’ai commencé à lire des œuvres plus actuelles en découvrant notamment Stephen King. Evidemment, comme tout le monde, j’ai eu des périodes pendant lesquelles je ne lisais pas ou peu : pendant mes études universitaires, mes seules lectures étaient loin d’être récréatives ! Pendant la longue maladie qui a emporté mon père, je n’ai pas pu ouvrir un livre par manque de concentration.

Sinon, hormis ces périodes, je dévore en moyenne 150 livres par an, et je chronique chaque livre lu sur divers groupes de lecture Facebook ainsi que sur Babelio. Il m’arrive aussi de faire des corrections de manuscrits.

L’idée de ce salon m’est donc venue naturellement, disons que c’est une sorte de challenge que je souhaite relever et que j’espère renouveler l’année prochaine, et les années suivantes.

  • Votre affiche (nous la diffuserons) intitule l’événement : salon de la Robinière. Pourquoi avoir choisi ce nom ?
  • La Robinière est le nom de la maison où l’événement aura lieu. Ce nom est dérivé de « robinier » qui désigne un arbre plus connu sous le nom de faux acacia. Le nom du salon a donc été vite trouvé. De plus, j’aime ce côté un peu suranné et bucolique qui reflète bien l’endroit.
  • Combien de temps faut-il pour préparer une rencontre avec une vingtaine d’auteurs ?
  • Combien, je ne pourrais pas vous le dire précisément, mais je vous répondrai « beaucoup ».

L’idée a commencé à germer dans mon esprit au mois d’octobre. J’ai beaucoup réfléchi, sachant que ce salon me demanderait beaucoup d’énergie et beaucoup d’investissement. Et puis, fin novembre, j’ai décidé que la chose était faisable. J’ai donc lancé un appel à candidatures sur plusieurs pages Facebook et contacté par mail les auteurs qui sont mes amis pour leur demander s’ils étaient disponibles aux dates que j’avais arrêtées. J’ai reçu énormément de réponses, j’ai dû faire des choix.

  • Qui a choisi la marraine de l’édition (Clarence Pitz) ? Pourquoi Clarence ? Comment êtes-vous entrée en contact avec elle ?
  • C’est moi qui ai choisi Clarence comme marraine. J’ai lu tous ses livres et je l’ai désignée pour marraine parce que je considère qu’elle est une étoile montante de la littérature belge. Et justement, le fait qu’elle soit Belge – elle nous vient de Bruxelles, contribue à donner à ce salon une dimension européenne à laquelle je tiens tout particulièrement.

Pour répondre à votre seconde question, j’ai contacté Clarence par le biais de Facebook et sa réponse a été immédiate et enthousiaste. Nous ne nous sommes encore jamais rencontrées en « vrai de vrai », mais nous nous en faisons une joie !

  • Y a-t-il une thématique particulière (polar, fantaisie, noir) ou bien est-ce un salon généraliste ?
  • Au départ, je voulais étiqueter ce salon dans la thématique polar / thriller / roman noir, puis je me suis dit que ce thème était battu et rebattu et j’ai décidé d’élargir ma cible dans le but d’interpeller un public plus nombreux d’une part, mais aussi, pourquoi pas ? de faire découvrir aux visiteurs des thèmes littéraires qu’ils n’envisagent peut-être pas.

Le salon de la Robinière réunira donc des auteurs de romans noirs, mais aussi des auteurs de littérature de voyage, de romans historiques, etc…

  • Par rapport aux auteurs invités, qu’est-ce qui a déterminé votre choix ? La parité ? La notoriété ? Le genre ou registre ? La disponibilité ?
  • Sans vous mentir ? La notoriété a été un facteur de choix, c’est évident. Mais je ne me suis pas arrêtée à ça, car ç’aurait été beaucoup trop réducteur. J’ai également choisi de faire du qualitatif, qui n’est bien évidemment pas en contradiction avec la notoriété ! Nous aurons parmi nous quelques auteurs presque inconnus du grand public à qui je pense utile de donner une chance de faire remarquer. La sauce entre auteurs connus et peu connus peut prendre, j’en ai l’intime conviction.

La parité n’est pas respectée dans ce salon : nous avons 7 auteures féminines et 12 auteurs masculins. Je sais que ce n’est pas politiquement correct et je m’en excuse !

  • Avez-vous lu tous les auteurs qui viendront à Saint-Savin les 14 et 5 mai, ou bien vous êtes-vous réservé des surprises ? Y a-t-il des univers littéraires que vous ne connaissez pas encore ?
  • Sur les 19 auteurs qui seront présents, j’en ai lu 15, et pour certains, la totalité de ce qu’ils ont publié. Même si j’ai une nette préférence pour la littérature noire, je ne m’interdis aucun style – sauf peut-être les feel-good et les romans à l’eau de rose pour lesquels j’ai une profonde aversion. Je tiens également beaucoup à la littérature francophone – même si je lis parfois de très bons ouvrages venant d’ailleurs. Nous avons en France, en Belgique et en Suisse, un gros vivier d’excellents auteurs – pour certains encore auto-édités et il y a beaucoup de richesses à découvrir.
  • Quel est votre personnage préféré, en tant que lecteur ?
  • Je ne saurais vous donner un nom en particulier. J’aime les personnages humains, tourmentés, souvent mal lunés qui ont un bon sens de la répartie. J’adore, comme beaucoup, le duo Sharko / Hennebelle du célèbre Frank Thilliez, j’aime les personnages de René Manzor, et tant d’autres… Pour moi, un personnage doit être vivant, habiter le récit, nous faire vibrer et ressentir ses états d’âmes, ses choix, sa vie.
  • Avez-vous un livre fétiche ? Lequel ?
  • Bien évidemment, oui, j’ai un livre fétiche comme tout le monde. Ma réponse va sans doute vous surprendre : c’est Le Petit Prince d’Antoine de St Exupéry. Ce roman est une merveille d’humanité et de philosophie.
  • Pour inciter le public à se précipiter au salon de la Robinière, les 14 et 15 mai, quel message tenez-vous à faire passer ?
  • Mmmm… Il est toujours difficile de convaincre…

A brûle-pourpoint, j’ai envie d’inviter tous les gens qui ont au moins un petit penchant pour la lecture et la soif de découvrir, à venir partager un bon moment de rencontres et de discussions avec les auteurs dans un cadre bucolique et dans une ambiance bon enfant.

Je précise que le salon est accessible aux personnes à mobilité réduite, c’est important ! qu’une buvette sera à disposition et qu’une tombola 100% gagnante est organisée.

  • Nous vous souhaitons un franc succès, et nous encourageons les auditeurs de la vallée du Gier, de Saint-Etienne, de Lyon, et de Vienne, qui nous suivent (ainsi que tous les autres) à faire de ce premier festival du livre de Saint-Savin une grande réussite !

Par Cendrine Bertani